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L'assurance décennale et la co-traitance : quelle couverture pour le dessinateur en architecture et bâtiment ?

  • Photo du rédacteur: Francky Margot
    Francky Margot
  • 20 févr.
  • 4 min de lecture

L’assurance décennale est souvent perçue comme l’apanage des architectes, entrepreneurs et autres acteurs majeurs de la construction. Pourtant, dans la pratique de la conception architecturale, il arrive fréquemment que l’architecte ne réalise pas l’ensemble des plans lui-même, mais qu’il collabore étroitement avec un dessinateur. Contrairement à une idée erronée selon laquelle l’architecte pourrait se décharger de cette responsabilité en "sous-traitant" purement le travail de dessin, la réalité est celle de la co-traitance. En effet, l’architecte ne peut pas externaliser l’acte de conception puisque le dessinateur, même en collaborant, participe activement à la création des documents graphiques qui fondent l’ouvrage. Ainsi, en cas de litige, la responsabilité – et par conséquent l’obligation d’assurance décennale – peut être engagée à l’encontre de tous les intervenants impliqués dans la conception, y compris le dessinateur.


1. Cadre légal et obligation d’assurance décennale

La loi Spinetta et les articles 1792 et suivants du Code civil

La loi du 4 janvier 1978, dite loi Spinetta, impose que tout professionnel considéré comme « constructeur » dans le cadre d’un contrat de louage d’ouvrage doit être assuré pendant dix ans pour garantir la réparation des dommages qui compromettent la solidité ou rendent l’ouvrage impropre à sa destination.

« Tout constructeur d’un ouvrage est responsable de plein droit, envers le maître ou l’acquéreur de l’ouvrage, des dommages qui compromettent la solidité de l’ouvrage ou qui le rendent impropre à sa destination… »(Article 1792 du Code civil) [1]

Ce texte d’ordre public ne permet aucune dérogation contractuelle. Ainsi, lorsqu’un dessinateur participe à l’acte de conception en co-traitance avec l’architecte, il entre dans le champ d’application de cette garantie.

2. La co-traitance : une réalité incontournable

Contrairement à une idée reçue, l’architecte n’est pas autorisé à sous-traiter intégralement l’acte de conception. La jurisprudence et les recommandations des instances professionnelles précisent que l’architecte, en collaborant avec un dessinateur, exerce une co-traitance qui implique que le dessinateur participe activement à la production de documents graphiques essentiels à la conception de l’ouvrage.

« L’architecte ne peut se décharger de sa responsabilité en externalisant intégralement la conception, car la co-traitance signifie que le dessinateur partage l’acte de conception et, de ce fait, engage sa responsabilité en cas d’erreur affectant la solidité ou la destination de l’ouvrage. »(Synthèse basée sur les pratiques et recommandations des assureurs et fédérations professionnelles) [2]

En conséquence, en cas de litige, les tribunaux et les assureurs chercheront à répartir la responsabilité entre tous les intervenants – architectes, bureaux d’études, et dessinateurs – afin d’évacuer toute part de responsabilité individuelle par voie d’avocats.

3. Implications pour le dessinateur

Intervention directe

Si le dessinateur propose directement ses plans à un maître d’ouvrage – qu’il s’agisse de particuliers ou de professionnels – il conclut un contrat de louage d’ouvrage. Dès lors, il est considéré comme « constructeur » et doit obligatoirement souscrire une assurance décennale.

« Pour être en conformité avec l’obligation d’assurance décennale, tout professionnel intervenant directement dans la conception d’un ouvrage doit être couvert, ce qui inclut les dessinateurs qui produisent des plans destinés à être utilisés pour un permis de construire. »(Recommandation du Service Public et de l’Ordre des Architectes) [3]

Intervention en co-traitance

Même en cas de co-traitance, où le dessinateur collabore étroitement avec l’architecte pour élaborer la conception, il participe activement à l’acte de conception. Par conséquent, il ne peut pas se décharger de cette obligation par le biais d’une sous-traitance classique, et sa responsabilité peut être engagée en cas de défaillance de ses documents techniques.

« La co-traitance, par laquelle l’architecte et le dessinateur collaborent à la conception, implique que chacun est solidairement responsable des erreurs affectant l’ouvrage. »(Synthèse basée sur les avis de professionnels et d’assureurs tels que MAF et INIXIA) [4]

4. Risques et conséquences

Pour le maître d’ouvrage

Sans assurance décennale couvrant l’ensemble des intervenants, le maître d’ouvrage se retrouve vulnérable en cas de malfaçon ou de vice caché apparaissant après la réception des travaux. Le recours rapide à l’assurance permet de préfinancer les réparations sans attendre une longue procédure judiciaire.

Pour le dessinateur

En l'absence de souscription à une assurance décennale, le dessinateur risque :

  • De devoir assumer financièrement les réparations des dommages causés par des erreurs dans les plans.

  • D’être inclus dans les poursuites judiciaires aux côtés des architectes, bureaux d’études et autres intervenants.

  • De voir sa situation financière et sa réputation professionnelle sérieusement impactées.

5. Synthèse et recommandations

Conclusion générale :

  • Intervention directe ou en co-traitance : Le dessinateur qui participe à la conception de l’ouvrage, même s’il intervient en collaboration avec un architecte, est considéré comme un constructeur au sens de la loi Spinetta. Par conséquent, il doit souscrire une assurance décennale pour couvrir sa responsabilité en cas de défaut affectant la solidité ou la destination de l’ouvrage.

  • Responsabilité partagée en cas de litige : En cas de litige, l’ensemble des intervenants – architectes, bureaux d’études, dessinateurs – sera examiné pour répartir la responsabilité. Les assureurs chercheront alors à évacuer une partie des responsabilités via leurs avocats, ce qui peut entraîner l’inclusion du dessinateur dans le processus de responsabilisation.

Recommandations :

  • Le dessinateur doit impérativement vérifier la nature de son contrat et, en cas d’intervention directe ou de co-traitance, souscrire une assurance décennale.

  • Il est également conseillé de se protéger par une assurance responsabilité civile professionnelle (RC Pro) afin de couvrir d’autres risques éventuels.

  • Les organismes professionnels (Ordre des Architectes, fédération des dessinateurs indépendants) et les assureurs spécialisés (MAF, INIXIA, Aric Assurances) recommandent une information claire sur ces obligations et un accompagnement personnalisé pour le choix des garanties.


Tableau des sources

Source

Extrait / Description

Lien / Référence

1

Wikipedia – Garantie décennale

« Tout constructeur d’un ouvrage est responsable de plein droit… » (Article 1792 du Code civil)

2

Synthèse sur la co-traitance

« L’architecte ne peut se décharger de sa responsabilité en externalisant intégralement la conception… la co-traitance implique que le dessinateur partage l’acte de conception. »

Synthèse basée sur des recommandations d’assureurs et fédérations professionnelles (ex. independant.io)

3

Service Public / Ordre des Architectes

« L’assurance décennale est obligatoire pour tout professionnel intervenant directement dans la conception d’un ouvrage… »

Recommandations du Service-public.fr et du site de l’Ordre des Architectes (extrait via Aric Assurances)

4

MAF et INIXIA

« L’architecte d’intérieur, considéré comme maître d’œuvre, est tenu de souscrire une assurance décennale… » et « La garantie décennale s’impose à tout professionnel intervenant directement sur un chantier… »


 
 
 

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©2023 par MARGOT Francky.

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